Charles Palmer (1777 – 1851) est un ancien militaire et propriétaire terrien anglais. Il a simultanément possédé deux propriétés, à Cenon et à Cantenac (Gironde) auxquelles il a laissé son nom.
Débuts et carrière militaire
Charles Palmer, né le 15 mai 1777 à Bath (Somerset), est issu d'une riche famille bourgeoise dont la fortune fut basée sur l'exploitation d'une brasserie et d'une épicerie. Son père John est connu pour avoir inventé et mis en œuvre la malle poste dès 1784. cela aurait dû asseoir définitivement sa fortune, mais un litige financier l'a opposé toute sa vie avec la poste royale. C'est Charles qui finalement touchera une partie des fruits de ce litige après la mort de son père et c'est certainement en partie sur cette base qu'il investit de 1814 à 1843 dans les vignoble de Margaux.
Après des étude brillantes à Eton et Oxford, Charles intègre
le 10eme régiment de cavalerie des Dragons en 1796. Promu
successivement lieutenant, capitaine, major puis colonel, il
participa, sous le commandement du Duc de Wellington, aux batailles
contre les armées napoléoniennes en Espagne.
Charles était l'aide de camp du Prince Galles, Duc de Wellington et futur roi George IV.
Sa carrière militaire, pourtant brillante, sera ternie par une
disgrâce aux yeux du Duc. En 1814, il fut chargé de mener un procès
à l'encontre d'un officier, le colonel Quentin, accusé d'avoir
fermé les yeux sur des punitions corporelles infligées à des
soldats ivres. Wellington estime que Palmer a fait preuve de
faiblesse envers cet officier qui ressort de ce procès sans trop de
mal. Quentin considère cependant Palmer comme personnellement
responsable de ses poursuites et profitera d'un séjour à Paris en
1815 pour le provoquer en duel au pistolet. D'une façon très
civile, Quentin tire le premier mais manque sa cible. La réponse de
Palmer est de tirer en l'air. Aucun d'eux ne sera blessé, mais suite
à cette affaire, palmer sera transféré au 23eme Dragons.
John palmer, son père, était maire de Bath et député à la
chambre des Communes. Il était également propriétaire du théâtre
royal de Bath. A sa suite, Charles reprendra les mandats (1808 –
1826 ; 1829 – 1837) et la gestion du théâtre dont il hérite.
Ainsi, parallèlement à son aventure militaire, Charles est élu
député du parti libéral.
Le 12 février 1824, âgé de 47 ans, il épouse Elisabeth Atkins
âgée de 40 ans. Ils divorceront et n'auront pas de descendance.
Jusqu'à son décès il résidera dans les quartiers les plus
huppés à Bath (Brock street) et à Londres (Mayfair, Hanover's
square).
Le major général Charles Palmer va donner ses vignobles en
gérance. Il va défendre et vanter la qualité de son vin, le fameux
« Palmer's claret » (clairet de Palmer) à la chambre des
députés et auprès de l'aristocratie londonienne.
Le vin du domaine de Gascq était déjà apprécié du Maréchal
de Richelieu et de Louis XV.
Grandeur et décadence
Après l'achat des propriétés girondines, Charles Palmer mène
une vie dissolue, dépense sans compter et emprunte sans cesse. Peu
soucieux de ses affaires, données à gérer parfois à des gérants
peu ou pas honnêtes, sa vie va basculer petit à petit.
Le sort semble ensuite s'acharner :
Son premier échec sera la séparation d'avec son épouse. Cette dernière essaiera par la suite de récupérer une partie des biens de Charles en intentant un procès à la Caisse Hypothécaire de Paris. Elle sera déboutée.
Durant les années pendant lesquelles il détient le domaine, il
acquiert beaucoup de vignes autour de Margaux et Cantenac faisant
passer la superficie de 52 à 163 hectares. Mais les dépenses sont
beaucoup plus importantes que les recettes et, surtout, que ses
capacités financières.
L'oïdium ravagera les vignes, dont la totalité du château
Boston, acheté et ajouté au domaine. Il ne produira donc rien.
Par ailleurs, ses tentatives de promotions sont mises à mal
auprès de la cour londonienne à Carlton House, la résidence du Duc
de Wellington. Ainsi, lors d'une présentation, son vin, pourtant
jugé excellent, se trouve en concurrence avec le vin du Duc. La
dégustation sera tranchée avec un accompagnement de sandwiches aux
anchois et le « Palmer's claret » fut trouvé bien en
deça du vin du Duc. Celui-ci renverra Palmer en lui conseillant de
continuer à améliorer son domaine afin d'obtenir un meilleur vin.
Ce qu'il s'attachera à faire, là encore à grands frais.
Pendant ces années, les indemnisations relatives à John Palmer
et à la Poste Royale sont réduites et totalement remises en cause :
il n'en obtiendra pas ce qu'il en attendait.
Les nombreux créanciers de Charles l'obligent à vendre au fur et à mesure des parcelles de ses propriétés. Il a des difficultés à rembourser la totalité du prêt que lui avait consenti le négociant bordelais Félix Delbos.
En 1838, le « vineyard owner » se résoud à se
déclarer en faillite et à perdre les 163 hectares, dont 82 plantés
en vigne, qu'il possédait. Pendant u temps, quelques amis fidèles
l'aideront, puis ce sera l'inévitable glissade vers la ruine totale.
Il ne pourra même pas déposer un testament. Certains londoniens
l'auraient aperçu mendiant au coin des rues. Il décédera à Bath
le 24 avril 1851.
Notes
(1) Le texte original de cet article provient du livret de l'exposition Palmer & Palmer produite par la Cyberbase de Cenon et le Cercle Généalogique Rive Droite. Il a également reçu la contribution de Gilbert Perrez, historien Cenonnais.
(2) Il semble que le portrait illustrant cet article ne soit pas celui de Charles Palmer mais plutôt celui de son père, John Palmer.