Monique est triste, mais Monique est contente. Monique, c’est l’amie de l’arbre du Bois Fleuri, dont nous vous parlions récemment. Cet arbre, habillé par les Tricoteuses du Bois Fleuri , était le dernier survivant du quartier, autrefois nommé Génicart 3. Après la démolition des trois tours de dix-sept étages, il était resté là, tout seul au milieu du grand espace en attente de réaménagement. Seul, mais pas abandonné puisque les habitants l’avaient adopté. Parmi eux, Monique, qui trois fois par jour empruntait le chemin qui traversait la friche et en profitait pour l’aller saluer, d’un câlin et d’un baiser.
Contraintes de chantier obligent, le destin du grand végétal était scellé : il devait laisser place au chantier de construction qui débutera au second semestre de cette année par d’importants travaux de voirie et de réseaux. Sous l’impulsion d’un groupe d’habitants et de l’animatrice de la Maison du projet, Emilie Darroux, et avec la complicité active de la Ville de Lormont, un artiste a été sollicité afin de donner une nouvelle vie à ce témoin du passé d’un quartier en phase de renouvellement.
L’artiste, c’est José Le Piez, un sculpteur connu pour ses « arbres à sons », blocs de bois travaillés pour résonner sous les caresses de leurs visiteurs. C’est lui qui était à la manœuvre ce mercredi matin, casqué, harnaché, juché sur le tronc débarrassé auparavant de ses dernières branches. Une trentaine d’habitants, attentifs et amicaux, étaient également présents pour accompagner leur ami végétal dans ces derniers instants. Etaient là aussi quelques animateurs du quartier, des agents de la ville et notre amie Charlotte Hüni, directrice artistique de la biennale panOramas dont le QG est installé depuis peu sur le terrain en attente de travaux. Ils avaient eu droit la veille à une présentation des oeuvres de l’artiste qui avait amené avec lui quelques unes de ses réalisations afin de donner à tous une idée de ce qu’allait devenir leur arbre.
L’ami José a commencé par tailler les branches maîtresses de niveau puis, dernier acte de la pièce, fait scier la base de l’arbre. Une grue a soulevé enfin le tronc libéré de ses racines et l’a déposé, retourné, sur un espace réservé en périphérie de la friche.
Là, les habitants peuvent enfin venir lui rendre un dernier hommage, un
adieu, une caresse, une photo avec l’artiste… Puis tout le monde rentre
chez soi pour le déjeuner. Dans le courant de l’après midi, l’arbre est
écorcé. Il va attendre là, le temps de sécher un peu, que l’artiste
intervienne in-situ et lui donne sa forme finale. Quelle sera-t-elle ?
Mystère. Mais ne vous inquiétez pas, on ira voir tout cela de près et on
vous tiendra au courant. Maintenant, rassurons les inquiets : le futur
quartier dont la réalisation est pilotée par Aquitanis prévoit une très
importante présence végétale avec de nombreux arbres de grande taille.
Le Bois fleuri méritera toujours son nom !