Le Social/LAB/ et l'association Nos Quartiers ont du Talent ont organisé une rencontre sur l'accompagnement vers l'emploi des jeunes diplômés issus des quartiers prioritaires. l'occasion pour nous de vous présenter NQT et leur original principe de parrainage.
Des cités sous-diplômées ?
Les idées reçues ont la vie dure. Surtout celles qui concernent les banlieues et leurs jeunes. L'une des plus répandues est celle qui voudrait que ces jeunes jeunes issus des banlieues soient tous dénués de qualifications professionnelles, que leur niveau d'éducation académique plafonne péniblement juste au dessus de l’illettrisme. Leur destin serait donc de rechercher péniblement de petits jobs et une fois ce job trouvé (par miracle) de s'appliquer à progresser petitement et sans ambition particulière.
Hors, c'est loin d'être le cas. Depuis les années 80, le pourcentage de jeunes gens issus des banlieues dites « défavorisées » qui accèdent à des études supérieures croît au même rythme que celui des jeunes issus de milieux plus privilégiés. Si les origines sociales continuent d'être déterminantes (mais non exclusives) dans les choix de filières, il n'en demeure pas moins qu'un nombre croissant de jeunes issus des quartiers prioritaires (les ex dispositifs ZEP) fait des études et que les niveaux de qualification sont en moyenne de plus en plus élevés. En un mot comme en cent, s'il était autrefois rare et étonnant de rencontrer eu bas d'une tour HLM une jeune diplômé Bac+ 3 ou BAC+5, c'est désormais chose courante.
Il n'est pas que les idées reçues qui ont la vie dure, les préjugés aussi. Et c'est à ces préjugés que s'attaque l'association Nos Quartiers ont du Talent (NQT) en accompagnant dans leur recherche d'emploi des jeunes issus des quartiers « Politique de la Ville » titulaires de diplômes bac +3, bac +5 et plus. Et ça marche.
Ce 11 octobre, au tout récent pôle Brassens-Camus de Lormont une trentaine de jeunes diplômés se retrouve dans une salle mise à disposition par la ville pour une rencontre avec des représentants régionaux et nationaux de NQT et de « parrains ». Le but de la soirée est de présenter l'association au public présent au travers de témoignages de parrains, de filleuls et de démontrer l'intérêt de son positionnement.
Diplômés mais seuls
Nos Quartiers ont du Talent est donc une association qui a pour vocation d'accompagner des jeunes diplômés Bac +3 ou Bac+4 (selon les régions) et âgés de 30 ans au maximum vers des emplois à la hauteur de leurs compétences et de leur diplôme. Si comme beaucoup d'autres structures intervenant dans le secteur de l'accompagnement vers l'emploi NQT propose une forme de coaching personnalisé à son public, l'association a la particularité de désigner à chacun des jeunes diplômés qu'elle accompagne un parrain ou une marraine qui l'accompagnera tout au long de sa démarche.
Ces parrains et marraines sont souvent des personnes ayant connu un parcours équivalent à celui de leurs filleules et filleuls et ont connu les mêmes galères pour décrocher leur premier job.
A l'écoute des témoignages de cette soirée, le profane que je suis se rend compte que les barrières sont aussi nombreuses que diversement placées. Elles sont souvent psychologiques et personnelles et affectent le jeune chercheur d'emploi lui même. Celui-ci aura part exemple si bien intériorisé ses différences (pas le bon milieu, pas les bonnes relations, pas la bonne couleur de peau, pas le bon accent, …) qu'il en aura nourri un complexe d'infériorité et se sentira un peu trop « hors cadre » pour le job recherché. Là le parrain ou la marraine interviennent pour rassurer, recadrer et convaincre leur protégé(e) qu'il est aussi bien qu'un autre.
Ces différences sont aussi parfois dans la tête des recruteurs qui, inquiets de faire le mauvais choix, pourraient choisir la facilité de recruter celle ou celui dont le parcours est semblable au sien au lieu d'investir dans la richesse de la différence. L'accompagnement du parrain va ici consister à apprendre au jeune chercheur d'emploi à rassurer ses interlocuteurs en mettant en avant ses aulités et les éléments qu'il sera le seul à pouvoir apporter à l'entreprise.
Mais le travail de l'association ne se limite pas au seul accompagnement psychologique. Il est aussi technique. En effet, les grandes entreprises qui recrutent aujourd'hui le font selon des méthodes quasi normalisées qui supposent un entraînement spécifique des candidats. On trouve donc dans les prestations de NQT des formations à la personnalisation du CV selon le job visé, la rédaction de lettres de motivation contenant les bons mots clés. Des simulations d'entretiens, des mises en situation de stress, éventuellement du relooking (les dreadlocks, quand on veut bosser dans la banque, ne sont pas toujours une bonne idée). Le but de tout cela est de renforcer la motivation du candidat et de l'envoyer à ses entretiens d'embauche gonflé à bloc !
Des parrains, des marraines pour avancer
Évidement, les jeunes diplômés présents ce soit ont leur mot à dire, questionnant les uns et les autres sur leurs parcours, expliquant les difficultés qu'ils ou elles ont rencontrées. Certains s'interrogent sur leurs prétentions au regard de leur manque d'expérience, d'autres sur une éventuelle mobilité géographique, en France ou à l'étranger. D'autres enfin sur les filières qui recrutent et les postes à envisager lorsqu'on débute dans un métier. Représentants de NQT et parrains et marraines répondent à chacun, douchant certains enthousiasmes, remontant le moral d'un découragé, encourageant une autre à aller tenter sa chance à l'étranger. Pour information, les métiers qui recrutent en ce moment sont, dans la banque : les commerciaux, analystes, spécialistes du droit bancaire ; dans l'informatique : les chefs de projets, les gestionnaires et juristes et dans tous les métiers, et depuis toujours, le commerciaux.
Après le temps des grands discours est venu celui des conciliabules. Autour d'un verre, quelques conversations ont pu se nouer, permettant à des jeunes de la Rive droite de poser des questions plus personnelles concernant leur propres parcours, de prendre quelques contacts, d'échanger quelques cartes de de visite... De « réseauter » comme ont dit dans le business.
Dans
un an, dans dix ans, lors d'une prochaine rencontre, peut-être
retrouverons nous l'un ou l'une de ces jeunes diplômés dans son
costume de parrain d'un candidat à l'embauche. La boucle sera
bouclée et NQT aura fait le job.